« Le souple peut vaincre le fort ». Voilà le constat du moine japonais Jigoro KANO inventeur du judo qui est à l’origine de l’invention du judo. C’est en effet en observant la neige sur des branches d’arbres et ses conséquences (les branches souples plient et se débarrassent de la neige, les grosses branches cassent) et en étudiant les techniques de combats samouraïs que les principes fondateurs du judo ont été posés, en 1882.
Judo signifie littéralement la « voie de la souplesse » et fût initialement une pédagogie physique, spirituelle et morale qui permet aux judokas de s’épanouir en harmonie avec eux-mêmes mais également et surtout avec les autres.
En 1968, le judo fait son apparition aux Jeux Olympiques de Tokyo après avoir évolué en sport de combat. Mais ces combats se font toujours dans le respect et la confiance de l’autre : la chute de l’adversaire doit toujours se faire dans le plus grand contrôle et la plupart des prises se font en retenant le judoka afin que l’action se déroule au mieux. D’ailleurs, ces sportifs apprennent à tomber dès leur premier cours… à rouler plus précisément. Pourtant, ces chutes ne sont pas toujours sans traumatisme et pour 52 % ces blessures sont des entorses… les fractures restant plutôt rares. Voici donc les principales articulations touchées au judo :
Elle est la principale articulation sollicitée au judo et c’est bien souvent la chute qui entraînera la blessure. Ici, ce sera soit l’articulation acromio-claviculaire (entre l’omoplate et la clavicule) soit sterno-claviculaire (entre la clavicule et le sternum) qui sera blessée plus ou moins gravement. Une simple chute sur la paume de la main peut entraîner la sortie de la tête de l’humérus de sa cavité normale située au niveau de l’omoplate. On dit même parfois que l’entorse acromio-claviculaire est une étape obligée dans la carrière d’un judoka !
En fait, votre bras et votre buste ne sont reliés que par un seul os : la clavicule, et c’est sur l’omoplate que l’humérus (l’os du bras) s’articule. La luxation de l’épaule est donc le déboîtement de l’humérus de l’omoplate… et il ne faut surtout pas passer à côté de cette blessure. En effet, parfois les tendons peuvent se déchirer, vois arracher le petit opercule osseux sur lequel ils sont attachés. Ainsi, en fonction de la façon dont vous tombez, la blessure peut être plus ou moins grave et imposera un traitement différent qui peut aller du strapping à l’opération afin d’éviter une instabilité de l’épaule.
On sait d’ailleurs que c’est de l’épaule que Teddy Riner s’avère le plus fragile. Opéré en septembre 2013 de son épaule gauche, il a manqué de se faire réopérer en février 2016 à cause d’un morceau de cartilage mal logé mais qui a pu être déplacée grâce à une injection.
Dans le judo, les clés de bras peuvent mettre cette articulation en position forcée et ainsi provoquer des lésions intra-articulaires (de type arthrose), mais également extra-articulaires (lésions ligamentaires et tendineuses). Ces dernières provoquent souvent des fourmillements dans les doigts du bras concerné et une sensation d’engourdissement. La luxation entraîne une douleur extrême en raison de la tension musculaire et une fracture peut y être associée. Dans tous les cas, il ne faudra pas remettre l’articulation en place vous-même et le mieux est de passer une radio pour exclure ce risque de fracture.
La luxation du coude est impossible à prévenir mais malheureusement très fréquente au judo. Seul un échauffement dans les règles de l’art vous aidera à l’éviter ainsi qu’une bonne technique de la chute.
Au judo, la poigne est indispensable car comme le dit Gevrise Emane (judoka française quintuple championne d’Europe et médaillé aux J.O. de 2012), « Quand l’adversaire s’aperçoit qu’il ne parvient que très difficilement à te faire lâcher alors qu’il n’arrive pas à t’agripper, tu as fait un bon bout du chemin vers la victoire ». On conseille d’ailleurs aux judokas de travailler l’endurance de force de leurs mains en s’entraînant à les ouvrir et les fermer très rapidement. Or, le travail de saisi ne sollicite pas seulement les muscles de la main, mais également ceux de l’avant-bras et du bras. Ainsi, les tendons et les ligaments mis à mal favorisent souvent l’apparition d’arthrose.
C’est également lors des chutes que le poignet est mis à rude épreuve, mais les occasions de se retourner ou de se coincer les doigts ne manquent pas au judo. Et donc les risques de luxations ou arrachements ligamentaires qu’il ne faudra surtout pas négliger de soigner sous peine de voir apparaître à la longue de l’arthrose ou des déformations osseuses… signes distinctifs des judokas. En effet, des petites boules font parfois leur apparition à la longue sur les phalanges de ces sportifs qui peuvent même avoir des doigts en forme de griffes !
Beaucoup de prises de judo se font en prenant le genou comme pivot central, c’est-à-dire que le corps va pivoter autour du pied qui reste statique et c’est donc le genou qui sert de flexible. C’est alors le ligament latéral interne qui sera touché avec plus ou moins de gravité, ou parfois également le ligament croisé antéro externe. Quelle que soit la douleur ressentie par le sportif, elle doit être étudiée attentivement afin d’y poser le diagnostic nécessaire et la traiter comme il se doit.
La plus délicate des blessures du genou reste bien entendu la lésion du ligament croisé antéro-externe car elle impacte bien souvent sur la stabilité du pivot qu’est le genou. On peut donc se dire raisonnablement que travailler la qualité physique de son équilibre est très important au judo. En effet, les changements brusques d’appui et les enroulements de jambes sont tellement fréquents qu’ils expliquent grandement la fréquence des blessures du genou. Les spécialistes préconisent de travailler régulièrement en équilibre instable afin que les structures articulaires et musculaires deviennent réactives et développent de « bon » réflexes. Par exemple en transférant son poids de l’avant à l’arrière, de gauche à droite les yeux fermés et sur un tapis de gymnastique. Il convient également de travailler le renforcement des ischios-jambiers (c’est-à-dire les muscles de l’arrière de la cuisse qui gèrent la flexion du genou) afin de rééquilibrer la musculature de la cuisse et du genou qui semble être souvent la cause de la rupture du ligament croisé antérieur.
Il faut rappeler que le but ultime, au judo est de réaliser un Ippon, c’est-à-dire arriver à projeter son adversaire sur le dos au sol avec force, vitesse et contrôle. Si un de ces quatre critères (vitesse, contrôle, force et réception largement sur le dos) est manquant, alors les juges donneront un Waza-Ari, et s’il en manque deux… un Yuko. Ainsi, les chutes répétées au sol contribuent largement à développer les lésions du rachis, ce qui représente environ 10 % des blessures. La pratique de ce sport, notamment chez les plus jeunes devrait être accompagnée d’une surveillance particulière car pouvant entraîner des anomalies rachidiennes comme la maladie de Scheuermann qui est un conflit entre les contraintes mécaniques de ce sport et la croissance des vertèbres.
Outre les problèmes liés à la croissance, le judoka est exposé à deux de maux de dos différents : le traditionnel mal aux reins qui impacte donc le rachis lombaire et le mal au milieu du dos qui concerne le rachis dorsal. La douleur au rachis lombaire (également appelée lombalgie commune) est due à l’écrasement plus ou moins modéré du disque intervertébral. La douleur du rachis dorsal quant à elle est souvent due à des DIM (Dérangement Intervertébraux Mineurs) qui se traitent généralement très bien avec quelques séances d’ostéopathie ou de manipulation.
Pour se prémunir de ces douleurs, il convient tout d’abord de se muscler la sangle abdomino-lombaire. Mais l’apprentissage des bons gestes pratiques et techniques sont également un bon moyen d’éviter ces douleurs… et bien sûr un échauffement irréprochable, nous ne le répéterons jamais assez.
Pour résumer le judo est sans contexte un sport hors du commun car comme expliqué en introduction, c’est avant tout une pédagogie physique, spirituelle et morale. La pratique du judo permet la transmission d’une force mentale et d’une maîtrise de soi que vous ne retrouverez pas dans beaucoup d’autres sports. Réputé comme sport de combat, il n’encourage pourtant en aucun cas l’agressivité car il est plutôt orienté vers la défense et le respect de son adversaire. L’UNESCO a d’ailleurs déclaré il y a quelque temps le judo comme le meilleur sport initial pour former les jeunes de 4 à 21 ans : c’est pour dire les bienfaits innombrables de ce sport !